"Oedipe est le meilleur site français sur la psychanalyse"

– Le Monde interactif, supplément du 19 mai 2002.

Ouverture

Il y a un peu plus d’un siècle, un jeune médecin juif, intelligent, ambitieux, peu fortuné se posait quelques questions dont les réponses allaient avoir des répercussions nombreuses sur ses contemporains . Son premier objectif était de gagner sa vie , d’ouvrir un cabinet et de trouver une clientèle pour enfin pouvoir se marier. Comme tout homme jeune versé dans le domaine de la recherche, il rêvait de gloire, de grandes découvertes. Son travail dans le domaine de la neurobiologie, intéressant et novateur ne lui avait pas ouvert autant de portes qu’il avait pu l’espérer. La question de la correspondance anatomo-clinique qui avait nourri ses recherches se heurtait aux questions soulevées par les patients pour lesquels cette correspondance n’existait pas.

En France deux “écoles” interrogeaient, notamment grace à l’hypnose, cette difficulté épistémologique. L’école de Nancy prenait le risque de questionner des hypnotiseurs, non-médecins . A Paris, le professeur Jean-Martin Charcot, dont la célébrité reposait sur plusieurs découvertes importantes dans le champ de la neurologie, s’intéressait lui aussi aux manifestations provoquées chez certaines malades hospitalisées à la Salpêtrière et cataloguées ” hystériques “. Ces malades présentaient des symptomes-notamment des paralysies- qui ne correspondaient pas à ce que l’on connaissait de l’anatomie et de la physiologie.Elles revivaient sous hypnose des scènes à caractère sexuel. C’est en faisant le saut qui passe du ” bras ” en tant qu’il peut être décrit en termes anatomiques, au bras en tant qu’il est une représentation imaginaire inscrite dans le langage, que Freud sans abandonner la question de la correspondance anatomo-clinique, s’aventure alors dans une autre voie celle d’une parole qu’il s’agit non seulement d’écouter mais d’entendre. Consciemment ou non, Freud cherche aussi à se connaître lui-même et se confronte aux énigmes de sa propre histoire. Cette démarche prendra toute sa dimension au cours des échanges épistolaires et lors de ses rencontres avec un autre médecin juif, son ami Wilhem Fliess, et plus tard, quand il entreprendra l’analyse de ses propres rêves. Pour écouter parler toute au long de la journée des patients, il était sans doute utile, pour le confort des deux protagonistes, d’inventer un dispositif. Freud ne supportait pas le regard de ses patients au cours des longues heures d’entretiens qu’il avait avec eux. En les allongeant sur un divan et en se plaçant derrière eux, il privilégie l’écoute sur le regard, il invente un dispositif congruant avec sa méthode. Il énonce la règle fondamentale qui invite ses patients à dire ce qui vient.

Très rapidement il rencontre un certain nombre de questions :
– la question de la réalité des faits racontés et parmi les récits qu’il entend, le problème lié à la véracité et à l’impact des actes de séduction sexuelle commis, selon le récit de ses patientes, dans leur petite enfance par un adulte, souvent un membre de la famille proche,en particulier le père. Freud élabore alors une série d’avancées qui problématisent cette question du traumatisme et débouche sur la théorie du fantasme qui met en avant l’importance du désir du sujet dans la mémorisation de son histoire infantile .
– la question du lien qui se noue entre l’analyste et l’analysant au cours de la cure . Il nomme transfert ce lien , précisant que le transfert doit se comprendre en référence aux images archaïques infantiles et s’interpréter en fonction des données propres à la cure.
– La question de la résistance et de la censure. L’interprétation donnée au patient ne conduit pas d’emblée à une adhésion de celui-ci. L’analysant tient à son symptôme, le défend en quelque sorte et peine à y renoncer.

Freud tout au long de sa vie et grâce à son travail a construit : Une méthode pour explorer le psychisme grâce à laquelle il lui a été possible d’élaborer une nouvelle théorie de l’appareil psychique ainsi que le dispositif de la cure dont il est avéré qu’elle entraîne pour les patients qui s’y prêtent des effets thérapeutiques. Après Freud, de nombreux psychanalystes ont contribués à affiner , modifier, élargir les champs ouverts par lui ,qu’il s’agisse de la théorie des groupes,de la pédagogie,de l’anthropologie etc.. où à l’intérieur même du champ analytique qui n’a cessé de s’étendre: enfants, nourrissons, psychosomatique etc… Des hommes et des femmes venus du monde entier ont commencé à pratiquer la psychanalyse , posant le problème de savoir qui pouvait se dire psychanalyste? Était-ce seulement l’adhésion à une théorie qui qualifiait le psychanalyste? Dans un premier temps deux principes furent retenus: Le psychanalyste doit avoir fait une analyse et en avoir sur lui-même éprouvé les effets, notamment en ce qui concerne le transfert et la résistance. Il doit avoir reçu une formation complémentaire et avoir pendant un certain nombre d’années pu exposer ses difficultés à un ou plusieurs analyste plus expérimentés que lui. La communauté analytique, s’est progressivement dotée d’associations locales regroupées au niveau international, d’instituts de formation, de revues nationales et internationales, de bibliothèques et à présent de sites internet… Depuis Freud, un nombre incalculable de patients par le monde ont fait une cure psychanalytique. La théorie psychanalytique a progressé et s’est enrichie d’apports multiples .Elle s’est aussi complexifiée au point que personne n’est aujourd’hui capables de faire le bilan de toutes les pistes explorées, de toutes les hypothèses avancées

Rien ne va plus

La psychanalyse est constamment prise dans des débats contradictoires. Elle est dénoncée par ceux qui en contestent le bien fondé sans toujours que leur propos apparaisse instruit de façon suffisante et pertinente. Elle est aussi l’objet de multiples débats au sein de ce qu’il est convenu d’appeler peut être improprement, la communauté analytique. Il en résulte des conflits ou la question du pouvoir n’est pas absente, des scissions et des rivalités plus ou moins importantes . Chaque scission a entraîné la création de nouvelles associations et de nouvelles structures qui se séparent, se regroupent, se combattent etc… Les clivages sont tels aujourd’hui qu’ils conduisent à se poser la question de l’existence de cette ” communauté analytique ” dont les contours semblent bien difficiles à tracer. Le plus souvent , il n’est même plus possible de renouer le dialogue. Les mots employés par les tribus voisines ont trouvé un sens différent et d’autres mots au contenu énigmatique sont venus au fil des ans s’ajouter à ceux de la langue commune au point pour l’analyste quittant sa tribu, d’éprouver parfois le sentiment étrange de se trouver en une terre étrangère et pourtant familière. Notre objectif n’est pourtant pas d’élaborer une plate-forme consensuelle entre tous les analystes, non plus qu’un illusoire ” esperanto “. Nous souhaitons par contre aider ceux qui nous rejoindront à procéder à une lecture raisonnée des sites qui fleurissent désormais un peu partout à l’enseigne de la psychanalyse, participant à notre manière à la circulation de la parole et à la réaffirmation de l’importance de la psychanalyse dans le monde d’aujourd’hui. Ils y trouveront également un lieu ou ils pourront s’exprimer s’ils le souhaitent. S’il revient bien à chaque analyste pris un par un, de répondre du présent et de l’avenir de la psychanalyse, ceux qui voudront participer à la construction du site oedipe trouveront, nous l’espérons dans celui-ci, un moyen utile pour cette tâche.

Laurent Le Vaguerèse, Responsable du site Oedipe

Maurice Preter, MD

About Maurice Preter MD

Maurice Preter, MD is a European and U.S. educated psychiatrist, psychotherapist, psychopharmacologist, neurologist, and medical-legal expert in private practice in Manhattan. He is also the principal of Fifth Avenue Concierge Medicine, PLLC, a medical concierge service and health advisory for select individuals and families.
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